Star Wars : Ahsoka, ainsi s’éteint la qualité..

Mais que se passe t-il avec Star Wars ? Pourquoi la saga créée par Georges Lucas, l’une des plus grandes œuvres de l’histoire du cinéma, tombe-t-elle aussi bas ? Non, franchement, qui aime réellement la franchise depuis son rachat par Disney ? Qui peut, sincèrement et en toute bonne foi, dire que la dernière trilogie était une réussite ? Qui, ici présent, peut affirmer que les séries offertes sur Disney+ ont toutes été aussi bonnes qu’attendues ? Personne de saint d’esprit, espérons-le. Des projets récents, seul Andor a su proposer quelque chose qui ressemble à du cinéma, avec une histoire bien écrite, cohérente et suffisamment différente pour offrir du neuf à l’univers. Malheureusement pour nous, Star Wars : Ahsoka se place plus du côté de la catastrophe Boba Fett et de la déception galactique Obi-Wan Kenobi… 

Cette série marque la dernière apparition de l’acteur Ray Stevenson, décédé le 21 mai 2023. 

Par un fan, pour les fans.

Disons-le d’entrée, si vous n’avez pas fait vos devoirs, vous ne piperez rien à l’histoire proposée. Vous saisirez le fil rouge, mais pas ses enjeux. Oui, pour comprendre le show, il vous faut avoir vu une partie de The Clone Wars, deux épisodes de The Mandalorian et surtout, l’entièreté de Star Wars Rebels. Oui, comme pour le Marvel Cinématic Universe, Star Wars est désormais intrinsèquement lié à ses séries télévisées. Films et séries se renvoient désormais le sabre laser. Fatalement, quand de nouveaux films arriveront, il aura fallu faire ses devoirs pour tout comprendre. L’affaire fâche, d’autant plus que le but ici n’est clairement plus de raconter une histoire. Non, on préfère étaler du fan service bien gras, pour faire plaisir aux fans. Le constat est là, après huit épisodes, Star Wars : Ahsoka n’aura pas raconté grand chose. On aurait très bien pu l’amputer de la moitié de ses séquences. D’ici quelques semaines, un fan aura certainement repris l’entièreté de la série pour en faire un film de 2h30/3h. Cela a été le cas pour la série Obi Wan Kenobi, c’était bien ! Enfin, mieux, c’était mieux. Et encore, la série portée par Ewan McGregor comptait sur le charisme intact du Jedi exilé. Ici, c’est effroyable. Ahsoka elle-même est sans doute le pire personnage de son propre show. Non, notre ami Dave Filoni a préféré se concentrer sur le lore de la saga que sur son héroïne.

Car oui, Disney a confié l’intégralité de Star Wars à un fan. Cela a ses avantages, mais aussi un nombre hallucinant d’inconvénients. Dave Filoni, ça a été l’excellence, parfois. Impossible de lui retirer le mérite de certaines de ses créations. La plus belle étant sans doute le personnage d’Ahsoka Tano lui-même. Apprentie d’Anakin Skywalker, personnage central de la Guerre des Clones et protagoniste d’exception, la padawan est très vite devenue incroyablement populaire. On pourrait également parler d’Ezra Bridger. Le héros de la série animée Rebels est désormais l’un des grands favoris du public. Quels personnages incroyables ! Deux disciples, apparus dans deux séries animées, créés dans le but de raconter quelque chose. Mais, aujourd’hui, Dave Filoni ne façonne plus. Avec ces huit épisodes, le réalisateur/scénariste rate définitivement son passage vers le live action, se contenant d’enchaîner le fan service pour faire plaisir à sa secte. Le concernant, la galaxie se divise en deux catégories. Certains voient en lui un dieu vivant, d’autres y voient une fraude.  Tout le problème est là. Sur les réseaux sociaux, à chaque apparition de personnages populaires, évocation de tel ou tel événement ou visuel sur un petit détail, les fans hurlent leur amour pour lui. Cela prouve que la saga de Lucas n’est plus une histoire, mais du lore autour d’un fil rouge, parfois bien maigre. Et, le pire, c’est que Disney tend de plus en plus vers cela. Pourquoi feraient-ils l’inverse, quand on voit la réaction du public ? Non, cette énième production n’est pas réussie. Les meilleurs produits Star Wars sont ceux qui partaient de l’univers étendu pour raconter une histoire (Rogue One/Andor/Rebels) et non l’inverse.  Disons le franchement, si pour les fans, Ahsoka est une réussite, alors nous sommes foutus.

Star Wars : Ahsoka ? Pas vraiment…

Impossible de véritablement parler de série à part entière, tant le show démontre qu’il est la suite, ou plutôt la cinquième saison de Star Wars Rebels.  L’histoire reprend là où les personnages s’étaient quittés, après la disparition d’Ezra et de Thrawn. Certains auront peut-être découverts le personnage d’Ahsoka dans The Mandalorian. L’ancienne Jedi y fait sa première apparition sous les traits de Rosario Dawson. En réalité, il faut impérativement avoir vu ces séquences, indispensables pour bien comprendre le début de la série. Ah, quand on dit qu’il faut faire ses devoirs… L’objectif de cette première et potentiellement dernière saison est simple : retrouver Ezra tout en empêchant Elon Mus… Thrawn de refaire surface. C’est tout. Vous me direz, c’est déjà pas mal. Oui, le problème, c’est que la série s’est sentie obligée d’ajouter une intrigue politique dont tout le monde se fout, simplement dans le but d’y caler le plus de caméos et de références possibles. Heureusement, nous pouvons aussi compter sur le personnage de Baylan Skoll et, dans une moindre mesure, de son apprentie Shin, pour pimenter les choses. Les deux utilisateurs de la force se dressent sur la route de la Jedi pour offrir à la série de nouveaux personnages, plus travaillés qu’Ahsoka elle-même.

De l’ancienne padawan fascinante, capable de vaincre un seigneur Sith dans l’un des meilleurs duels au sabre de la saga, il ne reste rien. Tel est le plus gros crève-cœur de la série. Ahsoka ne parle pas ou peu, se contentant de prendre une posture Jedi pleine de sagesse. On souffle aussi fort qu’elle nous ennuie. Heureusement, l’histoire propose quelques bons moments. Certains personnages évoluent et servent réellement à quelque chose, comme Sabine et surtout Baylan. Le souci, c’est que pour un point positif, le show t’en balance cinq de négatifs. Souffrant de très gros problèmes de rythme, Ashoka met un temps fou à décoller et ne parvient à capter l’attention qu’à partir du quatrième épisode, ou les choses s’accélèrent un peu. Puis, elles retombent complètement avec un cinquième acte catastrophique, condensé de fan service visiblement écrit par Dave Filoni, conseillé par un enfant de huit ans. Non, l’épisode 5 n’est pas bon et le retour d’un personnage n’y change rien, malgré le sympathique duel au sabre laser offert. Le pire restera sûrement la fin, qui se termine sur un cliffhanger destiné… à un film. Oui, oui. Un film Ahsoka ? Non. Non, préparez-vous à un Avengers de Star Wars chargé de conclure Mandalorian, Boba Fett, Rebels et Ahsoka. Contrairement aux films du MCU qui contenaient chacun un début, un milieu et une fin, Ahsoka n’en a pas. Inadmissible.

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, Star Wars ressemblait à quelque chose.

Au-delà de l’histoire franchement peu emballante, malgré ses fulgurances en fin de parcours, que peut-on dire  ? Commençons par ce que l’on ne peut pas reprocher : les duels au sabre laser sont top. Particulièrement bien chorégraphiés, si l’on exclut le tout premier qui frôle la catastrophe, les affrontements sont très satisfaisants à regarder. L’arme fétiche des Jedi retrouve son aura d’antan, qu’il s’agisse du design de la lame, du son ou encore de ses effets. On aura remarqué le manque de cohérence des impacts d’un coup de sabre laser d’un produit Star Wars à l’autre. Ici, on se rapproche de ce que l’on avait dans les deux premières trilogies. Fluides et bien filmés, on apprécie de retrouver dans ces duels une énergie proche de celle ressentie dans la prélogie. Pour le reste, malheureusement, c’est mou à en mourir, particulièrement pour tous les autres combats. Ahsoka se bat au ralenti, quand elle affronte des ennemis au corps à corps ou quand elle dévie des tirs de blaster (l’épisode 8, mon dieu…). Et, quand je parle de ralenti, je parle de vérifier moi-même si je n’avais pas, par erreur, mis l’épisode en 0,75. On en est là.

Mais, là où la lame blesse, encore, c’est dans sa photographie. Ahsoka est laide, terne, sans imagination et surtout, sans aucune âme ni générosité. Le volume (outil qui sert à insérer l’image de fond directement durant le tournage) est toujours grillé à des années-lumière. Comme pour Kenobi, on souffre d’un fort sentiment de frustration, face à cette série à haut budget qui transpire le minimum syndical. Quand, dans une grosse production, on en est à plonger une séquence dans un brouillard complet pour ne pas se fatiguer à créer un décor, il y a un réel problème. Seule une poignée de séquences, le plus souvent en vaisseau, ressemblent vraiment à quelque chose. On citera l’arrivée sur une planète qui se fait non sans dégâts dans l’épisode 3, l’apparition d’un Destroyer assez réussie dans l’épisode 6 ou une superbe scène d’infiltration plus ou moins réussie dans l’ultime épisode, ou les protagonistes sont canardés depuis le ciel. Sinon, rien de bien intéressant à se mettre sous la dent. Le pire, restera l’épisode 5, acclamé par les fans pour son fan service, malgré d’évidents défauts inacceptables. Tout est lent, pour rien, tout le temps. Tout est fade. Et, le pire, dans toute cette pagaille, c’est qu’il s’agit visiblement, selon les fans, d’un excellent produit Star Wars. Ainsi s’éteint la qualité ! Sous une pluie d’applaudissements…

Bande-annonce : Star Wars : Ahsoka

Fiche technique : Star Wars : Ahsoka

Réalisation : Dave Filoni / Steph Green / Rick Famuyiwa / Jennifer Getzinger / Geeta Patel / Peter Ramsey
Scénario : Dave Filoni
Casting : Rosario Dawson / Natasha Liu Bordizzo / Mary Elizabeth Winstead / Lars Milkkelsen / Ray Stevensen / Ivanna Sakhno
Musique : Kevin Kiner
Décors : Todd Cherniawsky
Production : Lucasfilm
Distribution : Disney+
Genre : Science-fiction/Action/aventure

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1.8