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Portrait : Le phénix Mel Gibson

Parmi les grandes stars de films d’action des années 80, Mel Gibson est, aux côtés de Sylvester Stallone ou de Bruce Willis, une personnalité des plus particulières. Le réalisateur oscarisé pour le cultissime Braveheart en 1996 s’est en effet fait des plus discrets, se contentant de jouer le méchant dans des séries B avec ses potes de cinéma d’action comme dans Machete Kills de Robert Rodriguez et The Expendables 3 de Patrick Hughes. 2016 marque néanmoins le retour du phénix Mel Gibson, un cinéaste engagé et adepte de la controverse.

Les Deux Faces du Mel

Mel Gibson possède clairement deux casquettes au sein de l’industrie cinématographique. La première c’est celle d’icône du cinéma d’action, galons qu’il a gagnés grâce à l’australien George Miller qui l’a propulsé sur le devant de la scène grâce à la trilogie Mad Max au début des années 80. Après Miller, c’est au tour de Richard Donner de lui offrir l’autre de ses grands rôles dans sa carrière d’acteur, celui de Martin Riggs dans la quadrilogie L’Arme Fatale. A la fin des années 80, Mel Gibson n’a plus rien à envier à un Schwarzenegger. Mais Mel Gibson ne s’arrête pas là, et va au milieu des années 90 passer derrière la caméra. Une première fois en 1993 avec l’Homme sans visage, un petit film resté assez confidentiel, mais surtout avec le film qui va asseoir ses qualités de réalisateur, Braveheart en 1995, où il raconte l’histoire de William Wallace, personnage mythique de l’histoire écossaise à qui il prête ses traits. Tout au long de sa carrière, Mel Gibson va alterner entre ses deux casquettes, ne se limitant plus au films d’action, faisant un tour du côté de chez M.Night Shyamalan ou même dans la romcom avec Nancy Meyers.

Au milieu des années 2000, il va d’ailleurs mettre sa carrière d’acteur entre parenthèses et réalise deux nouveaux projets. Deux longs métrages tournés chacun dans des langues peu communes, l’araméen pour la Passion du Christ, film relatant les dernières journées de Jésus, et le maya yucatèque pour Apocalypto. Deux films très violents, et qui vont attiser une certaine controverse. Ce qui va être couplé avec les propos antisémites de Gibson sous état d’ivresse. Gibson va alors disparaître des écrans radars, et recommencer à pointer le bout de son nez dans les années 2010, mais de façon très discrète comme dit précédemment.

2016 : L’année de la renaissance

L’année 2016 signe cependant le retour sous le feu des projecteurs pour l’acteur/réalisateur et cela sous les deux casquettes qui l’ont défini toute sa carrière. Mel Gibson est donc revenu dans un premier temps en tant qu’acteur dans Blood Father de Jean-François Richet. Le réalisateur français reconnu pour son diptyque sur l’ennemi public numéro 1 Jacques Mesrine offre ici à  Mel Gibson le rôle d’un père obligé de sortir sa fille d’une mauvaise passe dans une série B d’action plutôt honnête. Bien sûr ce Blood Father ne marquera pas vraiment les esprits, mais il permet à Gibson de renouer avec un genre qui a fait sa gloire. On retrouve donc un Gibson grisonnant et barbu qui va distribuer quelques mandales dans la gueule de trafiquants de drogue.

Ce qui restera le plus notable pour l’année 2016 de Mel Gibson, c’est bien évidemment son retour à la réalisation 10 ans après Apocalypto. Pour cela, il décide d’adapter l’histoire vraie de Desmond Doss, un objecteur de conscience durant la seconde guerre mondiale. Personnage très fascinant qui s’est porté volontaire pour aller au front mais qui refusait l’usage des armes à feu. Avec Tu ne tueras point, Mel Gibson va pouvoir alors combiner deux de ses choses favorites : la religion et la violence. En effet, avec un sujet pareil, difficile pour le fervent pratiquant qu’est Mel Gibson de ne pas multiplier les images religieuses, voire christiques. Pour certains, cela peut paraître lourd et parfois trop chargé, mais il arrive à offrir de véritables moments de cinéma grâce à celles-ci. Certains plans sont à couper le souffle. La violence est elle aussi très présente. Il faut dire que Tu ne tueras point fait certainement partie des films de guerre les plus impressionnants depuis Il faut sauver le soldat Ryan, la séquence de l’assaut de Hacksaw Ridge n’a absolument rien à envier à la mythique séquence d’introduction du film de Spielberg. Tout comme son personnage principal, Gibson fait des miracles derrière la caméra et délivre un portrait d’homme exceptionnel, tout en incorporant cette radicalité très particulière dans le traitement de son histoire et des images. Tu ne tueras point se pose clairement dans le compétition aux Oscars, et pourrait permettre à Gibson près de 20 ans après le sacre de Braveheart de repartir avec une nouvelle statuette.

2016 est donc l’année du retour de Mel Gibson, que ça soit en tant qu’acteur ou en tant que réalisateur. L’ex paria d’Hollywood va-t-il donc continuer sur cette lancée pour les années à venir ? On l’espère, en attendant, il serait sur un projet de série télévisée avec Kurt Russell, et a récemment confirmé la suite de sa vision de Jésus Christ avec un film se concentrant sur sa résurrection. Bref, Mel Gibson n’a pas fini de faire parler de lui.