Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D., Saison 1 – Critique de la série

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Critique : Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D., Saison 1

Synopsis : Après les événements survenus à New York avec les Avengers, l’agent Phil Coulson, qui a survécu à la blessure que lui a infligé Loki, retourne au sein de l’organisation mondiale du maintien de l’ordre, le S.H.I.E.L.D. (Strategic Homeland Intervention, Enforcement and Logistics Division). Il réunit alors une équipe d’agents, extrêmement bien entraînés, afin de s’attaquer aux affaires qui n’ont pas encore été classées ayant trait à l’étrange et à l’inconnu.

Dessine-moi un super-agent

Joss Whedon est un touche-à-tout : co scénariste du film Toy Story, pour lequel il a été nommé pour l’Oscar du Meilleur Scénario Original – et créateur de la série culte Buffy contre les Vampires, il a varié les genres et les styles. De la sitcom (Roseanne) à la science-fiction (Alien, la résurrection) en passant par le film d’animation (Atlantide, l’empire perdu), cet homme talentueux a pris des risques tout au long de sa carrière, et cela a payé. Pas à pas il a gravi les échelons et, avec son Avengers, a réussi à marquer les esprits en proposant une version moderne et créative du film de super-héros. Dès lors, le film deviendra le troisième plus grand succès commercial de l’histoire du cinéma, avec 1,5 milliards de dollars de recettes mondiales. Les studios Marvel ont provoqué un vrai tournant dans sa carrière, et il n’est pas prêt de s’arrêter là. De surcroît, après un rapide retour au film indépendant avec son adaptation moderne de la pièce de Shakespeare Beaucoup de Bruit Pour Rien, Whedon se voit offrir la chance de créer une toute nouvelle série dans l’univers Marvel : Agents of S.H.I.E.L.D.

Diffusée depuis septembre dernier sur la chaîne américaine ABC, la série n’a récolté que de bonnes audiences durant toute l’année. Mais pourquoi ? Retour sur un succès prémédité.

Le récit de Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. commence quelques temps après la bataille de New York – survenue dans le film Avengers. Depuis, le monde entier se sent comme écrasé par les super-héros ; la population se sent inférieure à ces êtres surnaturels sur tous les points. Mais l’originalité de la série réside dans le fait que l’intrigue ne se concentre pas bêtement sur des super-héros, mais plutôt sur ceux qui les créent, ou qui les ont créés, et essayent de les protéger ; ce sont les vrais héros. Et c’est là où la série puise sa force, puisqu’elle n’a dès lors plus aucune limite. Joss Whedon crée une suite directe à son film : il est donc intéressant de constater le total changement d’ambiance entre les deux univers. Le réalisateur établit – notamment dans le premier épisode – une comparaison fascinante du monde avant et après Avengers.

Au départ, ces agents du gouvernement nous paraissent assez antipathiques : de ce fait, Whedon brouille les pistes et rejette un peu la faute sur ces antihéros atypiques. Avec beaucoup d’humour noir, il dénonce une Amérique trop surveillée, qui empêche les gens de s’épanouir. Évidemment, on sent l’influence d’Orwell sur le style du scénariste. Joss Whedon est un vrai conteur : subtilement, il réussit à moderniser le roman dystopique de l’auteur britannique, en y apportant toute la magie des films Marvel. 

Dans les films que nous ont pondus les studios Marvel ces dernières années, il nous manquait toujours quelque chose : on sentait les réalisateurs comme freinés dans leur élan, condamnés à réaliser des films sur des super-héros aux univers pas forcément intéressants, contraints de se contenter de deux heures pour satisfaire le spectateur. Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. réussit là à repousser les limites du genre et étale son histoire sur une vingtaine d’épisodes (pour l’instant) de 40 minutes chacun. En livrant certains épisodes stressants ou tristes, et d’autres teintés d’humour, la série explore de nombreuses facettes de l’univers filmique, tout en gardant son unicité. Whedon multiplie les références aux films Marvel (Iron Man 3, Captain America 2, Avengers, Spider-Man) mais fait aussi des allusions à la société américaine d’aujourd’hui. On voit tout de suite plus de liberté, et la série parvient à mêler des éléments des différents films à l’intrigue principale de chaque épisode. Un vrai travail sur les relations entre les personnages est d’ailleurs mis en place, et contribue ainsi au dénouement de certaines enquêtes. Jonglant entre science-fiction et série policière, MAOS propose un patchwork de premiers épisodes indépendants – comme de petites nouvelles tirées d’un recueil – pour ainsi recoller les morceaux du puzzle, qui constituent la trame de l’histoire principale.

Entre mythe et réalité

À partir de l’épisode 8, la série prend une toute autre dimension. Whedon, après avoir présenté un panorama détaillé de l’univers, se focalise enfin sur ses personnages. Tandis que cet épisode situe son histoire quelques instants après le final de Thor : Le Monde des Ténèbres, on découvre de nouvelles facettes de nos personnages. Ils nous étaient inconnus, parfois hostiles, mais Ward, Coulson, May ou encore le « couple » de scientifiques Fitz-Simmons, sont devenus peu à peu plus profonds et attachants. La série ne se compose pas bêtement d’une suite d’enquêtes paranormales : tout au long de son récit elle fait évoluer ses personnages, dans un voyage onirique entre mythe et réalité, dans lequel tout le monde peut devenir un héros. Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D. rend tout de suite le surréaliste réaliste, le rêve possible. La magie, les mythes, tout devient réel, logique, appartient à la science. Le créateur de Buffy nous propose une réelle fouille archéologique dans les confins de ce gigantesque monde de « super-héros ». Dès le premier épisode, on plonge dedans, pour ne plus en ressortir. La sensualité et la prestance de Chloe Bennett, le second degré de Clark Gregg, et le charisme de Iain De Caestecker et de Elizabeth Henstridge, rendent le spectacle encore plus agréable. Effets spéciaux transcendants, humour cinglant, casting hors-pair, scènes d’action et une petite touche de suspense : MAOS détient la recette du succès, cette première saison est un spectacle inouï, et très (ré)créatif.

Fiche technique – Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D.

Titre original : Agents of S.H.I.E.L.D.
Réalisation : Joss Whedon (pilote)
Scénario : Maurissa Tancharoen, Jed Whedon et Joss Whedon, d’après les personnages créés par Jack Kirby et Stan Lee
Direction artistique : Roland Rosenkranz et Alex Hajdu
Décors : Melissa M. Levander
Costumes : Ann Foley et Betsy Heimann
Montage : Joshua Charson, Paul Trejo et Debby Germino
Musique : Bear McCreary
Production : Garry A. Brown
Société de production : ABC Studios et Marvel Television
Société de distribution : ABC
Pays d’origine : États-Unis
Format : couleur – 35 mm – 1,78:1 – son Dolby numérique
Genre : super-héros, action, science-fiction
Durée : 45 minutes

Auteur de la critique : Etan Conway