The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson : critique du film

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The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson : Univers enchanteur pour un jeu de poupées russes

Le cinéaste dandy Wes Anderson (La Famille Tenenbaum, La Vie aquatique, Fantastic Mr. Fox …) nous replonge dans son univers coloré et burlesque, deux ans après le très esthétique Moonrise Kingdom. Récompensé par un Ours d’Argent lors du tout récent festival du film de Berlin, après en avoir fait l’ouverture, The Grand Budapest Hotel sort dans nos salles de cinéma en France. Un long métrage poétique et drôle dont le scénario s’inspire de Stefan Zweig pour créer un pays fictif d’Europe Central nommé Zubrowska.

L’histoire commence en 68, dans un hôtel désert. Le vieux propriétaire, Zero Moustafa F. incarné par Murray Abraham, raconte son histoire à un client, un écrivain incarné par Jude Law.

Il lui narre les aventures vécues par le concierge Gustave H. (magnifiquement incarné par Ralph Fiennes) et le groom débutant Zero Moustafa (Tony Revolori, « Zero » plus jeune), de ce grand palace alpin, The Grand Budapest Hotel, pendant l’entre-deux-guerres. Dans ce pays fictif de la Mitteleuropa, le concierge chic aux goûts prononcés pour un parfum capiteux « L’air de panache » et les anciennes ladies, apprend la mort de l’une de conquêtes l’extravagante Madame D. (Tilda Swinton). Suspectant une mort fort peu naturelle, Monsieur Gustave le concierge prestigieux à l’aide de son groom rebaptisé « Zero » se lance dans une recherche de la vérité. Théâtre d’une aventure d’héritage rocambolesque, l’hôtel aux couleurs acidulés semble construit pas un démiurge possédé par un esthétisme succulent.

Cette comédie noire façon whodunit, se déploie comme un jeu de poupées russes, construite en couches temporelles, comme une succession de récits enchâssés à la façon de Stefan Zweig qu’elle mentionne à la fin comme source d’inspiration, un procédé permettant de passer d’une époque à une autre grâce à l’utilisation de trois échelles de cadre, le standard, le panavision et le scope.

L’utilisation du format cinéma 1.37 met en valeur une image très graphique avec ses décors aux textures de carton pâte et aux couleurs pastel, avec des pointes de teintes rouge vif. Dans cet univers surréaliste au tempo très rapide, pointe pour la première fois des piques grinçantes et un rappel de l’histoire en arrière-plan avec les ZZ en lieu et place des SS qui s’apprêtent à prendre le pouvoir.

Néanmoins, The Grand Budapest Hotel est avant tout un voyage dans un monde de fantaisie burlesque avec des scènes d’une rare virtuosité et de grands moments d’humour comme la scène des 3 coups de poings. Un petit bijou à l’imagerie cartoonesque avec des stars à foison Willem Dafoe, Harvey Keitel, Bill Murray, Mathieu Amalric, Jeff Goldblum, Saoirse Ronan, Tom Wilkinson, Owen Wilson, Léa Seydoux, Adrien Brody pour n’en citer que quelques uns.

The Grand Budapest Hotel n’est pas juste garni d’une pléiade d’acteurs talentueux, c’est surtout une plongée dans un monde de merveilles, une pâtisserie kitsch composée d’ingrédients fantasques, à la fois sucrée et amère, avec au commande le magicien Wes Anderson, accompagné d’une partition qui swingue signée Desplat.

The Grand Budapest Hotel : Bande-annonce

Synopsis : Le film retrace les aventures de Gustave H, l’homme aux clés d’or d’un célèbre hôtel européen de l’entre-deux-guerres et du garçon d’étage Zéro Moustafa, son allié le plus fidèle. La recherche d’un tableau volé, oeuvre inestimable datant de la Renaissance et un conflit autour d’un important héritage familial forment la trame de cette histoire au cœur de la vieille Europe en pleine mutation.

Fiche technique : The Grand Budapest Hotel

Titre original : The Grand Budapest Hotel
Nationalité : États-Unis
Réalisation : Wes Anderson
Scénario : Wes Anderson (avec la collaboration de Hugo Guinness)
Interprétation : Ralph Fiennes (M. Gustave), F. Murray Abraham (Moustafa Zero), Mathieu Amalric (Serge X.), Adrien Brody (Dmitri), Willem Dafoe (Jopling), Jeff Goldblum (Kovacs), Harvey Keitel (Ludwig), Jude Law (le jeune écrivain), Tony Revolori (Zero jeune), Bill Murray (M. Ivans), Edward Norton (Henckels), Saoirse Ronan (Agatha), Jason Schwartzman (M. Jean Jason), Léa Seydoux (Clotilde), Tilda Swinton (Madame D.), Tom Wilkinson (l’auteur), Owen Wilson (M. Chuck)…
Genre : Comédie, Drame
Sortie en salles : 26 février 2014
Durée : 1h40
Directeur de la photographie : Robert D. Yeoman
Décorateur : Josef Brandl
Costumes : Milena Canonero
Ingénieur du son : Pawel Wdowczak
Montage : Barney Pilling
Musique : Alexandre Desplat
Producteur : Jeremy Dawson, Scott Rudin, Steven M. Rales et Wes Anderson
Production : American Empirical Pictures
Distribution : Twentieth Century Fox France