Elysium de Neil Blomkamp : Critique cinéma

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Elysium : Une critique sociale d’un futur pas si éloigné de notre monde contemporain.

C’est clairement le blockbuster de l’année, largement au dessus de la moyenne de ceux que l’on a pu voir cette année, riche en films décevants. On peut évidemment reprocher à Elysium d’être une copie du brillant District 9, en reprenant le même thème de base, c’est-à-dire l’apartheid. Mais Elysium est bien plus, il s’agit de montrer les conséquences tragiques d’un système ultra libéral qui ne fait pas dans la dentelle, séparant clairement les gens selon leurs degrés de richesses. On peut d’ailleurs penser que le film traite d’une manière manichéenne ce problème, mais cela n’en est pas moins une réalité dérangeante. Dans les faits deux mondes se font face sans jamais se côtoyer, séparés par un mur infranchissable, celui de la ségrégation économique entre pauvre et riche comme dans le film Time Out.

Le sujet est en effet similaire mais abordé d’une manière différente, ceux que l’on peut voir dans Elysium n’est rien d’autre qu’une peinture de notre société actuelle, où la Terre devient un monde sans espoir s’étendant à perte de vue. Sur Terre vivent les damnés, la plèbe, ceux qui n’ont presque plus rien dans un univers où déportations, arrestations arbitraires, maladies, violences et famines sont le lot du quotidien, tandis que chez les nantis vivent sur une station spatiale construite pour être en orbite de la Terre, Elysium.

Une sorte d’Olympe spatiale pour des demi-dieux, vivant dans l’abondance et où guérir des maladies les plus graves est un acte presque banal. La critique sociale est très bien menée, Los-Angeles est décrite comme une gigantesque favela, un bidonville, une ruine où la mort peut sonner à chaque instant à votre porte. La crédibilité de cet univers apocalyptique est parfaitement décrite à travers l’ambiance d’oppression, d’étouffement. C’est sale, poussiéreux, on voit toute la misère, on ressent la pauvreté, la peine, la précarité de ses gens, prisonniers d’une terre ravagée par la pollution. Évidemment la politique de répression envers l’immigration clandestine est sans pitié, le monde des Élus, des Citoyens comme ils se nomment eux-mêmes, n’est pas accessible pour cette majorité sous peine de se faire exploser par les drones. Neill Blomkamp, le cinéaste sud-africain, dresse ici un portrait contemporain de notre monde, sa critique d’un monde où des systèmes sont mis en place sciemment pour vous faire croire que vous ne valez rien que le monde ne peut que fonctionner en ayant une large majorité de pauvres, de laisser pour compte, bien que si on y pense une seconde c’est certainement l’un des plus gros mensonges de la galaxie.

Des effets visuels époustouflants

L’aspect crade de Los Angeles est magnifiquement peint, ses plans de cette Terre ravagée rendent parfaitement l’ambiance de misère. Quant aux plans de la station orbitale ils sont magnifiques. Elyisum, ce paradis aseptisé, visuellement semblable au vaisseau de 2001, L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick est superbement filmé. L’ensemble du film est dopé par le design cyberpunks et les jeux vidéo comme Hallo. Elysium fait d’ailleurs penser à la Citadelle de Mass Effect. Et cerise sur le gâteau, les plans de l’Espace de la Terre sont également à tomber, c’est gigantesque, impressionnant surtout sur un écran de cinéma. Le film est violent, c’est gore et les scènes d’actions superbes, notamment, la fusillade dans la décharge, on peut bien sur reprocher la caméra tremblotante, mais cela apporte de la vélocité et du réalisme. C’est une SF sanglante, « dystopienne », décrivant un monde pas si éloigné que ça du nôtre !

Bien entendu on peut critiquer certains aspects comme l’écriture du film, trop prévisible, un scénario trop attendu, avec des personnages probablement stéréotypés. Toutefois Neill Blomkamp est un grand cinéaste avec un style propre et pour une première grande production à gros budget, c’est certainement un film à voir. On peut s’attendre à des corrections de la part de ce jeune cinéaste dans son prochain film « Chappie » un film plutôt satirique que politique (toujours avec Sharlto Copley).Coté casting, Matt Damon livre une performance physique incroyable, quant à Sharlto Copley, qui jouait déjà dans Discrit 9, il interprète un Bad Guy impitoyable, charismatique, un tueur terrifiant, un acteur qui promet. Ensuite Jodie Foster joue très bien son rôle de politicienne : elle fait penser à la dirigeante du FMI. Pour compléter la distribution nous retrouvons Alice Braga, Diego Luna et William Fichtner.

Musique du film Elysium

La BO est composée par Ryan Amon, du son comme dans Inception, et elle est juste aussi violente que le monde décrit par Neil Blomkamp.

C’est un vrai film de SF sombre dans la lignée d’un Blade Runner, d’un Mad Max, ou encore d’un Robocop, avec des effets spéciaux rendant l’univers crédible et réaliste. Bien sur le scénario aurait pu être meilleur, plus en subtilité dans sa description de cet univers riche/pauvre. Elysium ne fait pas dans la demi-mesure, mais quand on décrit un monde inhumain et désespéré où la majorité est considérée comme des non citoyens, on montre une réalité brutale, crade et sanglante.

Elysium : Bande-annonce

Synopsis : En 2154, il existe deux catégories de personnes : ceux très riches, qui vivent sur la parfaite station spatiale crée par les hommes appelée Elysium, et les autres, ceux qui vivent sur la Terre devenue surpeuplée et ruinée. La population de la Terre tente désespérément d’échapper aux crimes et à la pauvreté qui ne cessent de ne propager. Max (Matt Damon) travaille comme ouvrier, à L.A, une ville aux couleurs grises, dans une usine de la société Armadyne, qui fournit à Elysium une partie de sa technologie. Max DaCosta est accidentellement contaminé par des radiations et n’a plus que cinq jours à vivre. Sa seule chance de survie : partir sur Elysium, une station où la Secrétaire Delacourt (Jodie Foster) mène une politique sécuritaire. Avec l’aide de Spider (Wagner Moura), il devient une sorte d’androïde paré d’un exosquelette. Dans son désir de vivre, il s’en va pour Elysium, mais un enjeu beaucoup plus vaste va se jouer et Max, pourrait bien se métamorphoser en celui qui va sauver des millions d’être humains coincés sur une terre délabrée.

Elysium : Fiche Technique

Réalisateur : Neil Blomkamp
Scénario : Neil Blomkamp
Avec : Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley, Alice Braga, Diego Luna, William Fichtner, Faran Tahir…
Musique : Ryan Amon
Budget : 115 millions $
Producteurs : Simon Kinberg, Bill Block, Neil Blomkamp
Photographie : Trent Opaloch
Montage : Julian Clarke, Lee Smith
Direction Artistique : Nancy Anna Brown, Ross Dempster, Don Macaulay, Hania Robiedo
Décors : Peter Lando Syd Meal
Design : Philip Ivey, Syd Meal
Costumes : April Ferry
Distribution : Sony Pictures
Durée : 1h49
Genre : SF/Anticipation
Sortie en salles : 14 août 2013

États-Unis / Afrique du Sud – 2013