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Fear the Walking Dead, une série de Robert Kirkman: Critique Saison 2

Après une première saison qui faisait du surplace, Fear the Walking Dead nous offre une saison 2 plus haletante et cruelle pour ses héros.

Synopsis : Madison est conseillère d’orientation dans un lycée de Los Angeles. Depuis la mort de son mari, elle élève seule ses deux enfants : Alicia, excellente élève qui découvre les premiers émois amoureux, et son grand frère Nick qui a quitté la fac et cumule les problèmes. Ils n’acceptent pas vraiment le nouveau compagnon de leur mère, Travis, professeur dans le même lycée et père divorcé d’un jeune adolescent. Autour de cette famille recomposée qui a du mal à recoller les morceaux, d’étranges comportements font leur apparition…

La boucle est bouclée pour la deuxième saison de Fear the Walking Dead qui s’est achevée il y a quelques semaines. Pourtant loin d’être parfaite, cette dernière saison tire toutefois son épingle du jeu, en comparaison à la saison 1 qui avait pour excuse en seulement 6 épisodes de ne pouvoir librement développer les personnages principaux et explorer les tenants et aboutissements de l’horrifiant monde apocalyptique auquel nos héros se retrouvent confrontés. A contrario, la saison 2 dotée, elle, de 16 épisodes coupés en 2 parties (une première diffusée en été et l’autre cet automne), eut la lourde responsabilité de corriger les erreurs réalisées pendant la saison 1 et d’approfondir ses personnages.

Démarrant sur les chapeaux de roues avec une aventure maritime à bord du yacht « Abigail », la saison 2 de Fear the Walking Dead fut l’occasion d’en apprendre plus sur ses personnages comme le charismatique Victor Strand (interprété par Colman Domingo). Devenu rapidement un des protagonistes les plus appréciés du public après la saison 1, l’escroc Strand se révéla être un dur à cuir au cœur tendre, porté par l’amour de son compagnon.

Fidèle allié du séducteur Strand lors des premiers épisodes, l’ancien junkie Nick Clark (joué par Frank Dillane) termina d’asseoir cette saison son hégémonie sur les autres personnages de la série. Présenté comme le véritable héros de ce préquel, c’est le passé trouble de Nick qui le prépara spécifiquement à prendre à bras-le-corps l’horreur de ce monde apocalyptique où il passa de jeune homme instable, irresponsable et non fiable, au héros indispensable à la survie du groupe dans lequel il gravite  – comme en témoigne son implication maîtresse dans l’organisation de la communauté de la Colonia. Fils prodigue de la famille Clark, le périple traversé par Nick dans ce cataclysme servit en outre de catalyseur à l’histoire de sa mère, Madison Clark (Kim Dickens).

Conseillère d’éducation dans un lycée avant l’épidémie, la dévotion portée par Madison pour son prochain et sa volonté de régler tous les problèmes s’étendirent au-delà de l’apocalypse lui permirent plus facilement d’endosser le rôle de leader de son groupe de survivants. D’autant plus que plusieurs allusions faites par cette dernière laissent entendre qu’elle eut un passé tumultueux qui solidifia son caractère. Cependant, Madison commença à craquer et perdre le contrôle après le départ de Nick du groupe. Ainsi, obsédée à l’idée de le retrouver et guidée par ses émotions, l’irascible maman constitua cette saison le personnage le plus irrationnel de la série, enchaînant avec maladresse et absurdité, des actions risquées pour elle et pour les autres (cavaler dans le quartier général d’un gang mexicain à la recherche de son fils, allumer toutes les lumières d’un hôtel dans l’espoir que celui-ci les voit, etc.) qui ne manquèrent pas de faire grincer les dents des téléspectateurs.

Toutefois, le personnage le plus développé de cette seconde saison fut sans aucun doute Chris Manawa (Lorenzo James Henrie). Introduit dans la saison 1 comme un jeune rebelle et très proche de sa mère, Liza, Chris vécu mal le fait que son père ait refait sa vie avec une nouvelle famille. Traumatisé dans un premier temps par l’arrivée post-apocalyptique des zombies, l’adolescent se révéla dès le début de la saison 2 être comme un poisson dans l’eau. A l’opposé de Nick qui semble avoir été fait pour ce monde, Chris rejoint ses aînés Madison, Daniel Salazar (Rubén Blades) ou bien encore Strand, dans la cour de ceux qui s’adaptèrent le plus rapidement à ce nouvel ordre mondial. Chris surpassa ainsi son père par sa compréhension de ce qu’il était désormais nécessaire de faire pour survivre, comme il le lui dira d’ailleurs lui-même : c’est « tuer ou être tué ». Toutefois, le fils de Travis Manawa (Cliff Curtis) passa à l’extrême lorsqu’il tua son premier humain. Devenu virulent et amoral, le développement opéré par les scénaristes sur Nick n’est pas sans rappeler celui apporté sur le personnage de Shane dans The Walking Dead. Influençable et condamné à avoir un destin tragique par son jeune âge, son insouciance et son manque d’encadrement (faute d’un père trop gentil et dont les valeurs morales demeurent difficilement justifiables dans cet univers), il est aisé de dire que le décès de Chris était logique.

A l’instar de la mort de Lori dans The Walking Dead pour Rick, celle de Chris fut une étape importante pour l’évolution de Travis. En effet, particulièrement touchés par leur mort, cette épreuve morale permit à leurs proches Rick et Travis de changer et d’accepter que tuer faisait dorénavant partie de leur quotidien. Il est intéressant d’observer que pour chaque mort dans The Walking Dead et aujourd’hui sa franchise Fear the Walking Dead, la question de qui cela affectera le plus et comment cela permettra de faire avancer l’histoire, se pose toujours. Pour Travis, son catalyseur fut la mort de Chris qui était la personne qui le maintenait sain d’esprit, en vie. Sans ce point de repère, une période charnière s’ouvre dans l’histoire de Travis, habituellement calme et rationnel et qui perd le contrôle à la fin de la saison.

Mises sur le banc de touche avec la prééminence des protagonistes que sont Nick, Madison, Daniel, Strand, Travis et même Chris cette saison, Alicia Clark (Alycia Debnam-Carey) et Ofelia Salazar (Mercedes Mason) ont tout de même bénéficié de l’approfondissement de leurs personnages. Fille de Madison, Alicia est tout l’opposé de son frère Nick. C’est l’enfant sur qui on peut compter. Intelligente et consciencieuse, la saison 1 la décrivait comme une jeune femme dynamique et plein de bon sens dans son approche sur la société bien qu’elle vivait dans l’ombre de son frère addict et de ses turpitudes et dut s’élever toute seule car sa mère était trop préoccupée par son frère qui nécessitait le plus d’affection et d’attention. Plutôt effacé dans ce premier chapitre de sa vie, la cadette de la famille Clark apparaît au cœur de l’intrigue dans la première partie de la saison et prend définitivement son envol dans la deuxième partie lorsque Nick se sépare du groupe. Beaucoup plus active, affirmée et brave après son départ, Alicia gravit  par ailleurs un échelon important dans ce monde apocalyptique lorsqu’elle tua un humain. La saison 3 sera ainsi l’occasion de voir l’évolution de son personnage suite à ce bouleversement.

Un changement notable aussi fut opéré dans le portrait esquissé d’Ofelia cette saison. Alors qu’on découvrait la belle dans la saison 1 comme une jeune femme douce, simple d’esprit et très proche de ses parents dont elle s’occupait, Ofelia se remit en question à la suite de la découverte de la véritable identité de ses parents. Cette révélation combinée à la disparition succincte de ses parents entraîna Ofelia dans un périple initiatique dans la deuxième partie de la saison 2.

On peut ainsi dire que le drame familial promis par les producteurs de la série lors de son lancement fut honorablement respecté. Cependant, le concept initial de la série qui était de raconter les prémices de l’anéantissement de l’espèce humaine par l’apparition de zombies fut bâclé.  De fait, alors que les premiers épisodes de la saison 1 étaient dédiés à la retranscription de la confusion et du chaos qu’entraînait la découverte des zombies, la suite de la série ne continua pas sur cette ligne directrice. L’essence même de ce drame familial annoncé, les personnages, ont quant à eux été particulièrement stéréotypés et pauvrement écrits. Ainsi, bien qu’agacé par le sens moral à toute épreuve post-apocalyptique du nonchalant Travis, ou par l’incroyable et intolérable insolence de l’irrespectueux Nick, c’est néanmoins le manque de pragmatisme et la stupidité latente des personnages dans son ensemble qui finirent de gentiment exaspérer les téléspectateurs. Certaines perles tout droit sorties de cette saison 2 sont à évoquer comme la beuverie improvisée de Strand et Madison alors qu’ils n’avaient pas fini de vérifier si la voie était libre, Ofelia qui abandonne ses camarades à l’hôtel sans prévenir et prend la route avec la seule voiture que le groupe avait, Madison qui allume toutes les lumières de l’hôtel désormais visible à des kilomètres à la ronde pour le bonheur de tous (zombies, antagonistes, protagonistes), Travis qui se lance dans une véritable croisade avec son fils Chris dans l’espoir fou de le sauver de ses travers de jeune sociopathe en herbe, etc.

Un des grands points cette saison que les fans de la série The Walking Dead ont pu reconnaître, a été la scission de la bande en petits groupes après la fin de la première partie de la saison. Nick tout seul, Travis/Chris, et Madison/Strand/Alicia/Ofelia dans un premier temps, puis Ofelia toute seule. Avec à chaque épisode, 3 à 4 sous-histoires, ce procédé permit de développer l’histoire de chaque personnage et servit de catalyseur afin de faire avancer l’intrigue et de rendre actifs les personnages. D’où le changement constant de lieux dans les deux séries par nos héros qui gagnent par la même occasion la mauvaise réputation de tout détruire sur leur passage. Cette saison, l’intrigue s’est respectivement tenue sur un bateau (« l’Abigail »), une île, une plantation à Baja, au sein du Rosarito Beach Hotel et dans la Colonia à Tijuana. Un clin d’œil à Shane et Herschel de The Walking Dead qui avaient dit à Rick dans la saison 2 de la série mère qu’ils détruisaient tout partout où ils passaient.

Au final, malgré de graves lacunes scénaristiques, Fear the Walking Dead s’est significativement améliorée au fur et à mesure de sa seconde saison. Alors que la première partie de la saison manqua de convaincre les téléspectateurs, c’est véritablement avec sa seconde parti, à Mexico, que la série décolla. A l’image de The Walking Dead, la problématique du danger de l’homme et ses mœurs (les pirates, Marco et son gang, les jeunes adolescents rebelles, Célia et sa foi) fut soulevé. D’ailleurs, le choix de terminer cette saison par la fin tragique de Chris ne fut pas anodine, car, comme le prouva les innombrables mésaventures vécues par Rick et sa bande, le danger vient d’abord des hommes. Aussi, l’embuscade à la frontière américano-mexicaine qui clôt la saison témoigne de cet état de fait. Loin d’être original et sans véritable suspens pour la saison 3, ce cliffhanger dépeint parfaitement le sentiment partagé du public. Entre satisfaction et déception, plusieurs bémols (la disparition soudaine et mystérieuse de l’intraitable Daniel Salazar en particulier) et points forts (l’endurcissement du personnage de Travis) sont à dénombrer. Toutefois, le travail opéré cette saison 2 laisse supposer une troisième saison bien plus ficelée.

Fear the Walking Dead : Bandes Annonces

Fear the Walking Dead : Fiche Technique

Créateur : Robert Kirkman et Dave Erickson
Casting : Kim Dickens (Madison Clark), Cliff Curtis (Travis Manawa), Frank Dillane (Nicolas « Nick » Clark), Alycia Debnam-Carey (Alicia Clark), Mercedes Masohn (Ofelia Salazar), Colman Domingo (Strand), Rubén Blades (Daniel Salazar), Lorenzo James Henrie (Chris Manawa), Paul Calderon (Alejandro), Danay Garcia (Luciana), Lorenzo James Henrie (Chris)…
Musique : Paul Haslinger
Production : Bill Johnson, David Alpert, Dave Erickson, Gale Ann Hurd, Robert Kirkman, Greg Nicotero
Genre: Horreur, Drame
Format: 15 épisodes de 42 minutes
Diffuseur : AMC
1ère diffusion de la saison 1 : 23 août 2015

États-Unis – 2015/2016