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Avec Blue Jasmine, Woody Allen sonde la psyché brisée d’une Cate Blanchett magistrale

Film allenien amer, Blue Jasmine est une comédie cruelle mêlant déchéance sociale et démence portée par une Cate Blanchett, qui emmène le film dans la stratosphère.

Synopsis : Mariée à un magnat de la finance New-Yorkaise, Jasmine a tout ce dont elle pouvait rêver. Mais quand son mari est subitement arrêté et incarcéré pour fraude, elle perd du jour au lendemain tout ce qu’elle possède: son argent, sa maison, son statut et l’esprit. N’ayant nulle part où aller, elle ne trouve d’autre solution que d’emménager chez sa sœur adoptive à San Francisco, un esprit libre de la classe ouvrière, on en peut plus différente d’elle.

Blue Jasmine, une femme dans la tradition des romans de F. Scott Fitzgerald

Après To Rome with Love, (le cru 2012 de Woody Allen), le réalisateur revient avec Blue Jasmine, un film qui s’inscrit dans une certaine réalité sociale, celle de la crise financière de 2008 provoquant la ruine et incarcération d’affairistes sans états d’âmes.

Woody Allen détricote la grande Bourgeoisie à travers le personnage de Jasmine, une femme habituée à une vie princière à Manhattan avec son richissime mari Hal, se retrouve soudain ruinée suite à l’arrestation de mari. De New-York elle se retrouve à San-Francisco, chez sa sœur Ginger (Sally Hawkins), dans son monde plus terre à terre.

Le décor est donc planté, une femme habituée au faste se retrouve soudainement plongée dans un environnement où l’argent ne coule pas à flot avec les enfants de sa sœur, le mari de sa sœur, le monde de sa sœur. Décrit ainsi, le film pourrait être une comédie, mais c’est une tragédie, Blue Jasmine peint le portrait d’une femme déclassée, dépressive, carburant à la vodka-xanax, incapable de saisir le bonheur à sa portée.

Une magistrale peinture de femme névrosée, une naufragée magnifiquement interprétée par une Cate Blanchett, dignes des grandes interprètes de personnages « Alleniens », comme Diane Keaton ou Mia Farrow.

Jasmine fait penser aux personnages féminins des romans de Francis Scott Fitzgerald, belles, frivoles, cyniques, égoïstes, désaxées et pourtant attachantes, émouvantes dans leurs errances, leurs déchéances…

Blue Jasmine (contraction du nom de l’héroïne et de la chanson Blue Moon, Jasmine fait allusion, à plusieurs reprises, à « Blue Moon » car c’est la chanson qu’elle a entendue quand elle a rencontré Hal, « Tu m’as vu alors que j’étais tout seul », un écho à la scène où Jasmine rencontre Dwight) est une plongée dans l’âme d’une femme imbuvable, incapable d’accepter la réalité présente, sombrant dans une folie intensifiée par les flashbacks d’un passé où la richesse masque les états de désespérances.

En faisant tomber l’illusion de la richesse, Wood Allen conte une tragédie, on est loin des héros qui se relèvent, cette Jasmine, semble être une descendante de Blanche de Tennessee Williams, notamment dans sa vision du passé et du présent qu’elle est incapable d’accepter.

Une comédie humaine magnifiée par Cate Blanchett qui a su exprimer la détresse, l’humanité d’un personnage cynique et snob, en lui apportant une telle grâce qu’on éprouve de la sympathie, là où on aurait pu se dire (bien fait, une chute méritée pour cette snobinarde).

Autour de Cate Blanchett, on retrouve Alec Baldwin/Hal, et Peter Sarsgaard/Dwight, parfaits dans leur registre respectif. Blue Jasmine est une comédie dramatique, une tragédie humaine dans lignée des films de Woody Allen, en particulier la musique très jazzy et une très belle photographie aux tons chauds.

Au final Blue Jasmine n’est pas un mauvais film, intéressant, sans être admirable, un peu décevant car trop caricatural. En réalité, c’est la performance de Cate Blanchett, sa prestation ahurissante qui vaut le déplacement.

Blue Jasmine : Bande-annonce

Blue Jasmine : Fiche Technique

Réalisateur : Allen, Woody
Scénario : Woody Allen
Interprétation : Cate Blanchett (Jasmine Francis), Alec Baldwin (Hal Francis), Sally Hawkin (Gingers), Louis C.K. (Al)…
Photographie : Javier Aguirresarobe
Direction artistique : Santo Loquasto
Décors : Michael E. Goldman et Doug Huszti
Costumes : Suzy Benzinger
Montage : Alisa Lepselter
Musique : Christopher Lennertz
Genre : Comédie dramatique
Durée : 98mn
Date de sortie : 25 septembre 2013

Etats-Unis – 2013