BoJack Horseman, saison 2 : Critique

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L’an passé, la rédaction du Magduciné vous faisait part de son coup de cœur dans le milieu des séries d’animation. Il s’agissait de la première incursion dans le dessin animé pour Netflix, déterminé dans son ambition à devenir un acteur majeur de la production audiovisuelle dans le monde. Après House of Cards, Marco Polo et le récent succès Marvel’s Daredevil, Netflix n’a pas lésiné sur ses expérimentations et a rapidement validé une saison 2 pour Bojack Horseman.  Sous-estimée au départ, la série a vite acquis un statut culte dans le catalogue Netflix. Bojack Horseman est très certainement l’un de ses plus brillants produits d’appel.  Pas étonnant qu’une pléiade de guests apparaisse dans cette nouvelle saison et réduit donc de fait la frontière entre le monde de Bojack et le vrai Hollywood. On refait rapidement le pitch : Bojack est une ancienne vedette d’une sitcom des années 1990. Alcoolique et déprimé, il essaie tant bien que mal de se remettre en selle pour retrouver sa gloire passée. A la fin de la première saison, Bojack reçoit un Golden Globe pour son livre autobiographique (!!!) écrit par la nègre Diane. Cela lui vaut même de décrocher le rôle pour interpréter au cinéma Secrétariat, son idole d’enfance. Mais même s’il renoue avec le succès, il finit seul et renfermé dans sa villa, à repasser en boucle les épisodes de sa sitcom. Disponible depuis plus de deux semaines sur le réseau Netflix, on retrouve dans cette seconde saison Bojack dans sa préparation pour son rôle dans le long métrage sur la vie de Secrétariat. Ce rôle devrait lui permettre de retrouver enfin une notoriété honorable. Evidemment, son comportement autodestructeur rendra la tâche plus ardue.

Horsenication

Dans cette nouvelle saison, le travail sur les personnages a été plus que jamais développé. C’en est épatant de voir à quel point chaque personnage a son intrigue bien ficelée et sa psychologie bien définie sans pour autant la rendre caricaturale et prévisible. L’intelligence d’écriture est la force de cette série et démontre tout le talent de son créateur Raphael Bob-Waksberg. Il s’autorise absolument tout cette fois-ci et n’hésite pas à désamorcer les attentes des spectateurs sur son personnage principal pour lequel on est censé avoir au mieux de la sympathie, au pire de l’empathie. Vers la fin de la saison, Bojack devient tellement autodestructeur que la plupart de ses proches vont en payer le prix fort. C’est un tournant bouleversant qui suscitera une grande part d’émotion. Face à des concurrents comme American Dad, Les Griffin voire South Park, Bojack Horseman est en train de révolutionner les séries d’animation pour adultes et adolescents. Alcool, sexe, drogue et décadence sont toujours aussi présents. Le créateur de la série et ses scénaristes nous proposent un questionnement introspectif d’une finesse remarquable à travers ses personnages principaux. Ce sont tous des personnages qui se cherchent et sont en quête d’un idéal de bonheur. Bojack Horseman est une série qui parlera évidemment aux trentenaires et quarantenaires en pleine crise existentiel.

Mais si la saison 2 aborde ses personnages avec plus de dramaturgie, il n’empêche que Bojack Horseman reste une série tout bonnement hilarante. Son univers anthropomorphique participe déjà au succès de la série mais également à son humour inépuisable. Les situations qui font appel à des caractéristiques animalières s’entremêlent avec des gags visuels riches en inventivité. La performance est d’autant plus remarquable que certaines blagues sont d’une subtilité insaisissable au premier abord. De fait, ce sont des centaines de références, jeux de mots et expressions détournées qui inondent cette saison et rendent chaque scène savoureuse. Comme dans la précédente saison, il arrive parfois que les scénaristes se lâchent et retranscrivent littéralement à l’écran des trips hallucinés avec des séquences en animation grandioses. Le travail technique est d’ailleurs d’autant plus remarquable que la graphiste Lisa Hanawalt offre à la série une ambiance visuelle particulière, loin des productions actuelles. L’une des rares qui utilise encore de l’aquarelle pour une production de ce calibre. C’est ce qui fait tout le charme de la série.

Marqué par un ton qui lorgne davantage vers la mélancolie, Bojack Horseman est peut-être la série la plus hilarante et la plus émouvante du paysage audiovisuel animé. Son créateur Raphael Bob-Waksberg  a parfaitement su saisir l’essence, l’audace et l’originalité d’un tel concept. Jamais un personnage n’avait autant suscité de dégoût et d’empathie. Après une première saison excellente qui surprenait par son ton et son univers anthropomorphiste, la deuxième vient définitivement confirmer toutes les attentes et se pose comme la meilleure série d’animation actuelle, rien que ça. Netflix vient justement de confirmer la mise en chantier d’une saison 3. C’est vous dire à quel point cette série est formidable et sur le point de devenir culte.

Synopsis: Vedette très appréciée d’une sitcom des années 1990, BoJack Horseman vit aujourd’hui à Hollywood, rejeté de tous et se plaignant de tout. De nos jours, on le suit alors qu’il tente de retrouver la célébrité avec une autobiographie écrite par sa nègre littéraire, Diane NGuyen. BoJack jongle entre une vie de débauche et des amis souvent encombrants : Princess Carolyn, tour à tour sa petite amie, son ex-petite amie et son agent, Todd Chavez, qui habite chez lui et se considère comme son colocataire, et Mr. Peanutbutter, son ami et ennemi à la fois, héros d’une sitcom du même style et de la même époque que BoJack, mais ayant toujours du succès.

Bojack Horseman Saison 2 – Bande-annonce

Fiche Technique: BoJack Horseman

Créateur : Raphael Bob-Waksberg
Année de création: 2014
Origine : Etats-Unis
Genre: Comédie, Drame, Animation
Format: 25min (12 épisodes)
Diffuseur : Netflix
1ère diffusion de la saison 2 : 17 juillet 2015

Doublage original: Will Arnett (BoJack Horseman), Aaron Paul (Todd), Amy Sedaris (Princess Caroline), Alison Brie (Diane Nguyen), Paul F. Tompkins (Mr. Peanutbutter)

Reporter/Rédacteur LeMagduCiné