alibicom-critique-film-philippelacheau-julienarreti-tarekboudali

Alibi.com, un film de Philippe Lacheau : Critique

Après le succès de Babysitting 1 et 2, Philippe Lacheau amène un vent de fraîcheur dans le genre de la comédie française, qui se repose trop sur ses acquis. Alors, Alibi.com est-il une réussite prête à renouveler le genre ou une énième comédie bien trop sage ?

La nouvelle comédie de Philippe Lacheau était attendue au tournant. Révélés au grand public par la surprise Babysitting, Lacheau et sa bande ont connu un accueil inattendu (2 millions d’entrées). Réitérant leur recette magique dans la foulée, Babysitting 2 n’était qu’une redite du premier volet fonctionnant exactement sur le même schéma, mais les 3 millions d’entrées ont encouragé l’équipe à retourner dans les salles obscures très rapidement. Lacheau, cette fois seul à la réalisation, retrouve ses amis Tarek Boudali et Julien Arruti pour la comédie Alibi.com. Ayant jusque là apporté des innovations au genre de la comédie  française bien trop paresseuse, on pouvait se demander si Alibi.com allait confirmer les vétérans de la « bande à Fifi » comme pionniers d’un certain renouveau. Alibi.com est finalement une comédie à l’humour gras mais bien rythmée, qui malgré une formule bien trop classique, connaît quelques séquences inspirées.

Une comédie convenue mais encourageante

Alibi.com surprend avant tout par son casting. L’équipe qui a tenté de financer en vain pendant des années une parodie du Titanic, peut désormais s’offrir Nathalie Baye ainsi que de nombreux caméos, de Norman Thavaud à Kad Merad. Et c’est avant tout dans son prologue et son défilé de stars qu’Alibi.com réussit. A ce moment-là le concept semble fort, drôle et original. Cependant l’histoire balaye rapidement le quotidien de l’agence experte en mensonges pour se concentrer sur la romance de Philippe Lacheau et Elodie Fontan. On ne retrouvera une séquence similaire au prologue qu’à la fin du film. Dès que les enjeux de l’histoire sont posés, le film devient bipolaire. Alibi.com alterne entre des passages éculés et archétypaux et des séquences absurdes et délirantes. Le personnage de Didier Bourdon se retrouve dans le même hôtel que sa femme et sa fille, alors qu’il était censé passer un week-end en douce avec sa maîtresse jouée par l’hilarante Nawell Madani. Le pitch original du film s’efface donc rapidement pour donner des scènes convenues et téléphonées. La maîtresse et son amant ne partagent finalement que très peu de scènes ensemble, et les enjeux du film sont très vites désamorcés tant les personnages de Nathalie Baye et Didier Bourdon se rabibochent rapidement. Mais là où le film fait rire, c’est lorsqu’il s’éloigne de son intrigue vue et revue pour offrir des séquences comiques pleines de références. Retour vers le futur, Star Wars, Fast and Furious ou encore Assassin’s Creed, les hommages à la culture geek et populaire sont nombreux. C’est lors de ces passages qu’on retrouve l’humour décalé, propre à la « bande à Fifi ». Philippe Lacheau pourrait exceller dans une parodie semblable à la saga Scary Movie, s’éloignant ainsi des comédies populaires trop codifiées.

Un film sauvé par sa rare audace

Cette comédie ne serait finalement qu’un alibi pour les producteurs, afin que la bande de Philippe Lacheau s’amuse lors de ces passages déconnectés de l’histoire mais burlesques et délirants. Malheureusement, la comédie reste globalement trop gentillette mais surprend parfois en jouant sur des codes propres aux comédies françaises. Certaines facilités scénaristiques du début sont excusées grâce à l’écho comique qu’elles trouvent lors de l’épilogue. D’un côté, le film a conscience de ces codes et en joue, mais de l’autre côté, il en use grossièrement, rendant trop visibles ces ficelles scénaristiques. Bien qu’éculées, certaines scènes sont quand même agréables grâce à un sympathique ensemble d’acteurs. Nathalie Baye se laisse aller à un twerk avec Didier Bourdon. Philippe Lacheau ne surprendra pas par son jeu, incarnant de la même manière Greg que son héros du diptyque Babysitting. Mais une réelle alchimie se dégage entre le cinéaste et sa partenaire Elodie Fontan. Les personnages secondaires sont assez oubliables et finalement peu essentiels au film, si ce n’est pour quelques répliques bien placées. On reprochera au film son côté brouillon, alternant entre deux identités bien distinctes. Alibi.com est plein de bonne volonté et l’on ressent un humour insolent qui gagnerait à être développé.

Malheureusement le métrage reste significatif du paysage comique et cinématographique français qui peine à être dépoussiéré. Là où Alibi.com pourrait assumer son délire jusqu’au bout, il décide de se complaire dans la facilité, retardant une fois encore un potentiel renouveau de la comédie française au cinéma.

Alibi.com : Bande-annonce

Synopsis : Greg a fondé une entreprise nommée Alibi.com qui crée tout type d’alibi. Avec Augustin son associé, et Medhi son nouvel employé, ils élaborent des stratagèmes et mises en scène imparables pour couvrir leurs clients. Mais la rencontre de Flo, une jolie blonde qui déteste les hommes qui mentent, va compliquer la vie de Greg, qui commence par lui cacher la vraie nature de son activité. Lors de la présentation aux parents, Greg comprend que Gérard, le père de Flo, est aussi un de leurs clients…

Alibi.com : Fiche technique

Réalisation : Philippe Lacheau
Scénario :  Philippe Lacheau, Julien Arruti et Pierre Dudan
Interprètes : Philippe Lacheau (Grégory), Elodie Fontan (Flo Martin), Julien Arruti (Mehdi), Tarek Boudali (Augustin), Nathalie Baye (Mme Martin), Didier Bourdon (Gérard Martin)…
Photographie : Dominique Colin
Musique :  Loïc Van Zon
Directeur du casting : Meriem Amari
Chef monteur : Olivier Michaut-Alchourroun
Chef décorateur : Samuel Teisseire
Directeur de production : Carole Bonamy
Chef costumier : Eve-Marie Arnault
Chef costumier : Olivier Michaut-Alchourroun
Productrice :  Alexandra Fechner
Producteur exécutif : Franck Milcent
Sociétés de production : CN5 Productions, Fechner Films et TF1 Droits audiovisuels
Participation : Canal +, TF1
Distribution : Studiocanal
Genre : comédie
Durée : 90 minutes
Date de sortie : 15 février 2017

France – 2017

[irp]